Expression Media

Remarques sur la version française

Certes un logiciels n'est pas un produit littéraire, il faut se garder de tout intégrisme et privilégier le sens plutôt que la forme.
• La méconnaissance du domaine a donné "Repères de rognage en coin" pour "Corner crop marks" quand il s'agit des "Traits de coupe".

• La méconnaissance d'une des deux langue peut donner des inversions de sens.
Erreurs parfois facilitées par l'ambiguïté de expressions originales. Piège qu'une connaissance du domaine permet d'éviter.
Original anglais Traduction Microsoft Autre traduction
Catalog sets Jeux de catalogues Jeux du catalogue
Microsoft Expression Media Import Importation de Microsoft Expression Media Importer dans Expression Media
Configure List Configurer la liste Liste de configurations

• En français les objets sont "sexués" : un bouton, une fenêtre, une image, un fichier.
Ne pas tenir compte du genre en traduisant "none" par "aucun" produit des associations de mots comme "aucun étiquettes"
Dans un tel cas il faut utiliser "sans" qui est neutre.

• Les expressions françaises sont souvent plus longues qu'en anglais. Mais l'anglais est aussi souvent plus redondant.
Avec un peu de réflexion il est donc possible d'obtenir le même sens en français tout en étant plus court.
Ainsi "Media scalling" a été traduit littéralement par "Mise à l'échelle du média".
Or dans le contexte cette expression précède un menu, ce qui fait qu'en français le simple mot "Echelle" est suffisamment explicite.

• Il est aussi important de tenir compte de la nuance entre des termes qui présentent une certaine synonymie.
C'est le cas de delete / supprimer (irréversible, perte, destruction) et remove / retirer (réversible, récupérable, restaurable). Même si ces nuances ne sont pas toujours respectées à la source, le traducteur est en droit de le faire.

• Dans la version originale il y a le concept de "Place Finder" qui hiérarchise les champs - Country ; State ; City ; Location

Lors de son introduction par iView nous avons discuté avec des utilisateurs francophone (français, belges, suisses et canadiens) des différentes façons de le franciser.
Nous nous étions mis d'accord pour le nommer :
"Localisation" avec Pays ; Département/Région ; Ville ; Lieu
Microsoft en a fait :
"Finder d'emplacement" avec Pays ; Département/Région ; Ville ; Emplacement

Dans le même "esprit" le groupe des champs Dates est devenu "Finder de dates"

Si ce n'était que "cosmétique" on s'en satisferait. Mais ceci a aussi une conséquence facheuse car les noms des champs sont utilisés pour nommer les fichiers de vocabulaires.
En effet, les utilisateurs de MediaPro, qui souhaitent naturellement transférer leurs vocabulaires à Expression Media, sont contraints à rechercher les champs qui ont changé de nom et à renommer les fichiers correspondants un par un.

• Enfin ne pas oublier de contrôler le résultat pour éviter ceci :
Location.jpg
Où on remarque que le champ de saisie du Lieu (Emplacement) n'est pas accessible.

• Dernier exemple dû aux phrases composites
Certains textes son composés, or syntaxes et grammaires diffèrent.
On connaît bien le cas des adjectifs qui précèdent le nom an anglais et le suivent en français.
Sans oublier les problèmes posés par les articles, prépositions, pronoms, adverbes, idiomes, "faux amis", etc.

Original Anglais AS-EN.jpg AC-EN.jpg
Traduction Microsoft AS-FRm.jpg AC-FRm.jpg
Autre traduction AS-FRa.jpg AC-FRa.jpg

Dans ma proposition on notera la suppression de la référence aux sélections (comment peut-il en être autrement), ainsi que la suppression des stupides "jeux de catalogue".

• L'application Expression Media et ses divers composants, dont l'aide, ne sont pas les seuls touchés. L'application "Microsoft Help Viewer" qui gère l'aide (/Library/Application Support/Microsoft/) comporte également des anomalies de traduction.

Comment se fait-ce ?

C'est évidement la question qui vient à l'esprit quand on constate l'ampleur des dégâts.

Je l'ai naturellement posée à mes contacts chez Microsoft mais n'ai pu obtenir de réponse claire.

S'il s'agissait du mode d'emploi d'un obscure bidule, d'abord traduit du chinois à l'anglais, puis en français sur un coin de comptoir d'une boutique de Shanghai par un étudiant stagiaire, on serait indulgent.
Mais venant d'un entreprise comme Microsoft, qui dispose de moyen financiers, humains et techniques colossaux cela surprend.

Dès que j'ai examiné la première version de EM, et en tant qu'ancien traducteur pour iView, j'ai pris contact avec Microsoft.
Tous mes interlocuteurs ont admis que l'adaptation française était "imparfaite" et on m'a demandé de communiquer mes observations, ce que j'ai fait dès la version 1.

D'autres personnes ont également été consultées et suite à nos remarques quelques corrections ont été apportées. Mais, quelques mois plus tard, nous avons eu la surprise de constater que la traduction de la version 2 "remettait les compteurs à zéro". Ainsi tout ce qui est décrit sur cette page est relatif à la version 2.0.2, la plus récente à ce jour.
Questions sans réponse :
- Pourquoi avoir fait refaire les localisations, d'autant que Microsoft a reçu de iView tout le nécessaire pour les localisations (programmes et bases de données) ?
- Pourquoi ne pas avoir utilisé les mêmes termes que dans MediaPro, ce qui aurai garanti la compatibilité, notamment des fichiers de vocabulaire ?
- Les localisations dans les autres langues sont-elles aussi "bonnes" ?
- Peut-on avoir un contact direct avec le responsable de la localisation française ?
- Pourquoi la plupart des modifications suggérées n'ont pas été prisent en compte ?

Aucune de ces questions n'a reçu de réponse. Il est des silences plus bavards qu'une encyclopédie !
Mes déductions
Faute de réponse et fort de mon expérience j'en déduis que cela vient la méthode et de l'organisation.
La méthode
- Elle consiste à collecter les textes originaux de l'application dans une colonne d'un tableau.
- Puis, ce tableau est confié à un obscure tâcheron chargé de remplir la colonne d'une langue cible, en correspondance avec la langue source.
Sait-il de quelle application il s'agit, à quel domaine elle s'applique, a-t-il des compétences dans ce domaine ? Probablement pas.
- Ensuite on récupère son travail pour créer et intégrer dans l'application les ressources de la langue.

Ce que Microsoft ne semble pas savoir c'est que pour faire une bonne traduction il faut satisfaire trois conditions, qui sont dans l'ordre d'importance :
1 connaître le domaine
2 connaître la langue cible
3 connaître la langue source
Ensuite, la méthode doit être cyclique.
1 - traduire les expressions hors contexte
2 - générer les ressources linguistiques dans l'application
3 - tester l'application aussi largement que possible en repérant ce qui ne va pas.
Répéter le cycle jusqu'à satisfaction.

Notez qu'il existe des applications comme Powerglot (Mac) qui opère directement sur les ressources du programme. Avec ce type d'application on effectue les deux premières phases du cycle, avec possibilité de s'appuyer sur des glossaires et aussi de se fonder sur une version antérieure, d'où un gain de temps et une continuité assurée.
Aux conditions précédemment énumérées il faut ajouter qu'il est souhaitable que ce soit la même personne qui traduise et teste.
L'organisation
La mauvaise qualité du travail de localisation a été reconnue, et même considérée par certains comme inadmissible, au point de retarder la publication de la version 2.
Des avis externes à la société ont été demandés et en grande partie ignorés car la version publiée est quasiment la même que le "brouillon".

Je ne doute pas de la bonne volonté des intervenants, je pense seulement qu'ils n'ont pas réussi à faire bouger une organisation rigide, et n'ont évidement pas pu l'avouer, "devoir de réserve" oblige.
Il semble également que dès que la localisation de l'application a été faite, le résultat a été transmis à l'équipe chargée de la documentation. Une remise en cause de la traduction aurai entraîné une révision de la documentation.
C'est donc une organisation strictement linéaire et mal planifiée qui serait en cause.

En fait, les carences de l'organisation vont bien au-delà des traductions, mais c'est une autre histoire.
Les années passent, et Microsoft reste inébranlablement figée.

Aux alentours de 1995 je devais développer une application en Visual Basic sous Excel. Elle était destinée à tourner sous Windows mais j'avais préféré faire le développement sur un Mac survivant (leur génocide avait commencé dans l'entreprise qui m'employait).

Tous les tests étaient passés, l'application tournait parfaitement quand je fis le transfert sur un PC sous Windows NT.
Et là aussi tout fonctionnait, sauf une banale fonction sur chaîne de caractères qui provoquait un plantage.
La documentation était pourtant claire, elle affirmait une compatibilité PC-Mac totale du Visual Basic.
Je dus imaginer une astuce pour contourner le problème et fis un signalement à Microsoft.

Quelques mois plus tard, sortait une nouvelle version d'Excel.
Dès que je pus l'essayer, je me précipitais pour vérifier si l'erreur avait été corrigée. Que nenni ! La bête était toujours là.
En revanche, la documentation avait été modifiée. Il y était maintenant mentionné que la fonction en cause ne tournait que sur Mac.

No comment !